17 avr. 2025
Entre mémoire, intelligence et entreprise : ce que nous avons oublié
D’une époque marquée par des entreprises familiales enracinées dans leur territoire à une économie plus ouverte, mondialisée, digitalisée, les mutations ont été profondes.
Pourtant, au-delà des changements technologiques ou économiques, un constat demeure : les entreprises, aujourd’hui, sont de plus en plus fragiles, non seulement sur le plan financier, mais aussi humain, organisationnel et structurel.
⚠️ Nous n'avons pas oublié la loi. Mais nous avons oublié pourquoi elle existe.
Il ne s’agit pas ici d’identifier un coupable, ni de pointer une administration, une loi ou une profession.
Il s’agit de regarder, avec lucidité et respect, les causes systémiques qui expliquent l’épuisement progressif de ce tissu économique pourtant essentiel à la vie collective.
Car les entreprises sont bien plus que des entités juridiques : elles sont des lieux de création, de lien social, d’engagement humain.
Lorsqu’elles s’effondrent, ce ne sont pas seulement des comptes qui se ferment : ce sont des parcours, des familles, des équilibres qui vacillent.
Depuis longtemps pourtant, des voix ont prévenu.
Discrètes mais constantes.
Des penseurs, des experts, des professionnels de terrain, des économistes ou des juristes.
Tous ont souligné l’accumulation de normes, de procédures, d’obligations toujours plus lourdes, rendant la gestion d’une entreprise aussi complexe que périlleuse.
Et ce constat ne date pas d’hier. Il a été documenté, rapporté, débattu. Mais rarement entendu avec la profondeur qu’il mérite.
❌ Le droit des affaires, le droit social, les exigences comptables, fiscales, environnementales, les délais de traitement administratif...
Tout cela, s’il part d’une intention de régulation ou de protection légitime, devient parfois une charge qui dépasse l’humain.
❌ La multiplication des dispositifs d’aide, souvent mal connus ou difficilement mobilisables, la lenteur administrative, la complexité croissante des règles…
Tout cela forme un labyrinthe, dans lequel le dirigeant se perd, faute de relais humain, de traduction accessible, de véritable accompagnement.
❌ Et la justice, elle aussi, se heurte à ses propres limites.
Elle tend parfois à privilégier la procédure à la parole, le formalisme à la réalité vécue, ce qui accentue le sentiment de solitude, voire d’injustice, chez celles et ceux qui ne cherchent pourtant qu’à tenir bon, dignement.
⚠️ Il ne s’agit pas d’une critique.
Il s’agit d’un constat grave mais mesuré.
Car aujourd’hui, les défaillances d’entreprises se multiplient,
et ce ne sont pas les moins compétents qui tombent.
Ce sont souvent ceux qui n’ont plus d’espace, plus de souffle, plus de temps pour autre chose que survivre.
Le système produit des professionnels diplômés, structurés, compétents…
mais il oublie trop souvent l’intelligence vivante, celle qui naît de l’expérience, du doute, de la confrontation à la réalité.
Nous valorisons une intelligence certifiée, formatée, validée.
Mais nous ne faisons plus assez place à l’intelligence autodidacte, humaine, intuitive, celle qui permet à des milliers de femmes et d’hommes de faire tourner chaque jour leur entreprise, leur activité, leur équipe, parfois contre tous les vents.
Cette forme d’intelligence n’est ni moins légitime, ni moins profonde.
Elle est simplement moins reconnue, parce qu’elle dérange un ordre établi.
Elle n’a pas toujours les codes de l’élite,
mais elle a souvent le courage de la vérité.
Le Code civil lui-même, fondement de notre droit,
reste aujourd’hui structuré selon une logique du XIXᵉ siècle.
Il a évolué, bien sûr, mais sans jamais être repensé à l’échelle de la vie contemporaine.
Il s’adapte en surface, il résiste en profondeur.
Et dans cette tension, le droit devient un mur plus qu’un outil.
Il protège le système plus qu’il ne protège les personnes.
Et c’est là que le sens se perd.
✅ Dans ce contexte, il devient urgent, non pas de réinventer la loi,
mais de réinterroger notre manière de l’appliquer, de l’interpréter, de l’accompagner.
✅ Le droit est vivant. Il est perfectible. Il a cette force immense de pouvoir évoluer.
Mais encore faut-il que nous ayons le courage collectif de lui redonner son vrai rôle :
celui de servir la vie, et non de la contraindre.
✅ Cela demande de sortir des oppositions stériles.
De cesser d’opposer professionnels et autodidactes, règles et bon sens, savoir et expérience.
Cela demande de créer des espaces d’écoute, de médiation, d’accompagnement humain,
dans lesquels les entreprises, les citoyens, les acteurs de terrain peuvent être entendus sans être jugés, soutenus sans être contrôlés, reconnus sans être enfermés.
⚠️ Car ce que nous avons oublié, ce n’est pas la loi.
Ce que nous avons oublié, c’est pourquoi elle existe.
⚖️ Pas pour ordonner.
Mais pour protéger.
⚖️ Pas pour exclure.
Mais pour servir.
⚖️ Pas pour maintenir un ordre mort.
Mais pour accompagner le mouvement de la vie.
Nous sommes à un moment charnière.
Et si ce texte ne cherche ni coupable ni conflit,
il souhaite, avec respect, rappeler notre responsabilité collective :
celle de ne plus détourner le regard,
celle d’écouter enfin les signaux faibles,
celle d’accueillir la parole des vivants.
Ce n’est pas une utopie.
C’est une nécessité.
Et peut-être même une chance :
celle de remettre l’humain au centre,
et de faire du droit, non plus un obstacle, mais un levier de confiance, de justice, de renouveau.
🚨 Chaque situation mérite une écoute attentive et des solutions adaptées.
Respectueusement,
MS